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Wikipedia et Alésia

 

Wikipedia a publié un article sur Alésia à partir des critères qui lui sont propres en retenant comme base d'information ce qui a déjà fait ses preuves, fussent-elles contradictoires, dans le domaine de l'édition et du savoir consacré actuellement. Le résultat mérite qu'on s'y arrête un instant. Et en premier lieu ne faut-il pas louer Wikipedia de sa prudence, à la hauteur des divergences qu'elle ne saurait accepter ? L'article de Wikipedia mériterait d'autres développements qui ne doivent pas néanmoins retarder ces quelques remarques préliminaires, quitte à les compléter plus tard.
Wikipedia fournit sa bibliographie. Elle exclut fort à propos César dont on peut douter qu'elle l'ait jamais lu : en effet elle le cite dans ses sources mais au titre de la traduction de Louvain. Il s'agit donc d'une source de seconde main, chaque traduction en outre apportant sa vérité. Wikipedia ignore César mais mérite-t-il d'y être accueilli ? En effet c'est avec lui quelle désaccord est flagrant.
Un petit encadré (tableau ci-dessous) sera examiné à titre d' échantillon de l'article de Wikipedia.

siège d'Alésia (extrait de Wikipedia 15/11/2006)
Date : -52
Lieu : Alésia, Jura ou Côte-d'Or
Issue : Victoire romaine
Combattants
Coalition gauloise Armée romaine
Commandants
Vercingétorix
Jules César
Forces en présence
80 000 fantassins et 12 000 cavaliers dans l'oppidum + 246 000 hommes de l'armée de secours 10 à 12 légions
soit 72 000 fantassins
et la cavalerie romaine/germaine (environ 10 000)
Pertes
150 000 tués , 70 000 déportés, 8 000

 

  1. Wikipedia chiffre l'armée de César à 10 au 12 légions (différence de 20 %). César écrit; qu'il a 12 légions : il divise son armée en deux parties (VII-34-1), 6 légions pour lui (il part vers Gergovie), 4 pour Labiénus, la cavalerie étant affectée moitié-moitié. César après la prise d'Avaricum dispose de 10 légions : mais (VII-I0-4) il avait laissé deux légions à Sens pour garder les bagages de toute l'armée : 10 + 2 = 12 ; l'alinéa I du chapitre 57 du livre VII le confirme : Labiénus part pour Lutèce avec 4 légions et laisse 2 légions de nouvelles recrues à Sens à la garde des impedimenta. De deux manières César nous dit qu'il commande 12 légions et non 10 ou 12 suivant le chiffrage approximatif de Wikipedia.
  2. Wikipedia écrit que la cavalerie gauloise comporte 12000 cavaliers sans fournir l'origine de cette estimation qu'elle serait bien en peine de donner. Au VII-64-1 César écrit que Vercingétorix demande 15000 cavaliers aux cités (par voie de conséquence on peut douter du nombre de cavaliers romains : 10000 pour lutter contre 12000 cavaliers gaulois est peut-être concevable mais contre 15000 gaulois réputés pour leurs qualités équestres ... et malgré les Germains ?) Approximation fausse donc à 20 % de Wikipedia.
  3. Dans les forces encerclées dans Alésia Wikipedia n'hésite pas à compter 12000 (les mêmes) cavaliers mais dès l'échec de la cavalerie gauloise au VII-70 Vercingétorix la renvoie pour appeler la Gaule à son secours (VII-71-1). Wikipedia passe ici du stade de l'affirmation approximative à celui de l'erreur caractérisée, support d'un contre-sens historique : restée dans la place, il n'y aurait pas eu d'armée de secours.
  4. Wikipedia compte 80000 fantassins gaulois dans Alésia dont 70000 seront "déportés" (terme employé par l'encyclopédie;voir ci-dessous). Or César renvoie 20000 Arvernes et Eduens à leurs cités respectives : 80000-20000 = 60000 et non 70.000 (80000 chiffre cité par César VII-7I-3).
  5. Wikipedia parle de "déportés" à propos des prisonniers. C'est faux. Prisonniers est le terme employé par César (captivus). Ils sont distribués par lui à toute son armée à raison de un par soldat romain. Il ne s'agit pas d'une déportation. Sous une autre plume que celle de Wikipedia, ce florilège d'approximations et d'erreurs serait considéré comme un fruit de l'ignorance, de l'incompétence et de la bêtise.

Ici on ne parlera que d'un préambule significatif au reste de l'étude de Wikipedia : l'infaillibilité du dogme, assis sur le siège de ses productions, n'en sera pas ébranlé pour autant. Encore que ...


En effet l'article examiné ici est daté 15/11/2006. Il ne faut pas désespérer de Wikipedia car au 21/05/2009 le petit chapeau examiné a subi des modifications. Au nom de quoi ? Aucune explication. Simplement ,il est enrichi de nouvelles absurdités. Les "déportés" deviennent 50000. Erreur aussi. Quelle est la bonne ? On va y revenir. Vercingétorix se voit adjoint les chefs de l'armée de secours (VII-76-3) sans que soit expliqué leur absence en 2006 et leur présence en 2009 (Vercassivellaunus et non "nos").
Enfin nous apprenons que César déporte aussi la population d'où sort ce "scoop" ? Mystère. Nulle part César ne le dit : s'il s'agit des Mandubiens, ils devaient avoir péri entre les lignes. S'il s'agit des Lingons, ils étaient alliés de Rome !

Donc au 15/11/2006 Wikipedia déclare 70000 "déportés", 50000 au 21/05/2009. La première estimation était absurde en ceci qu'elle conduisait à un nombre d'assiégés supérieur à la fin du siège à celui du début : 70000 + 20000 Eduens et Arvernes libérés = 90000. En mai 2009 les "déportés" ne sont plus que 50000. Mais 80000-20000 = 60000. Nouvelle erreur sans qu'on sache les raisons du cheminement de la pensée wikipedienne bien loin des futiles analyses du texte latin. Et pourtant. Ainsi Constans apporte la contribution de traductions qui paraissent discutables. (Ecartons Louvain indigne de sa descendance savante).
Exemples : "multa utrimque vulnera accipiuntur" VII-81-5 : les pertes sont lourdes des deux côtés, alors que les blessés sont nombreux des deux côtés paraît plus précis (César n'est jamais économe avec "interficio"). Ou bien "magnus numerus capitur atque interficiuntur" VII-88-7 : beaucoup sont pris ou massacrés. Pourquoi Constans traduit-il "atque" par ou au lieu de et ? Cela est pourtant de nature à changer le sens des faits.

Ainsi, dans une situation analogue au VII-80-7, Constans traduit "sagitarii circumventi interfectique sunt" par "les archers furent enveloppés et massacrés'. Il ne traduit pas "que" par "ou" mais par "et".
Ces exemples notés avant même de s'apercevoir qu'ils se retrouvent sous la plume de Wikipedia ne suscitent pas d'interrogation il est vrai invisibles dans la traduction (de Louvain ou de Constans,?).
Où donc Wikipedia a-t-elle trouvé que César a perdu 8000 hommes (2 légions) novembre 2006, 8000 ou 13000 en 2009 ? Mystère de la science wikipédienne. César ne pouvait guère se permettre de perdre des troupes indispensables contre Pompée et le Sénat qui lui accordait les renforts qui lui étaient nécessaires. Il aurait perdu 2 légions que le Sénat n'aurait pas fait en sorte de les lui retirer en 51. (Hirtius VII-54) quoique la supériorité des légions fût accablante. Les chances d'un fantassin gaulois contre un légionnaire devaient être de l'ordre de celles d'un employé de la Sécurité Sociale face à un boxeur professionnel. Les chevaliers étaient plus aguerris mais était-ce leur intérêt que leurs assujettis plébéiens deviennent de féroces guerriers. Pas très sur. Un dernier mot à propos de la crainte d'affronter un adversaire plus nombreux qu'aura eu César : voir I-II-15 : devant le peu d'enthousiasme de son armée à combattre Arioviste il déclare qu'il ira à la bataille "cum soli decima legione". Et il s'agissait des Suèves, peuple qui avait envahi la Gaule auquel les Gaulois étaient incapables de s'opposer. César évoque souvent l'enthousiasme présomptueux et le manque de persévérance gaulois. L'ancienne vertu gauloise ne peut plus rien contre l'envahisseur germain Que vaut ce guerrier germain ? Fut-il entraîné et soumis à la discipline romaine, écrit César à propos de la guerre servile (I-40-5), le Germain n'égale pas le Romain, argument qu'il utilise pour rendre le moral à ses troupes qui doivent affronter des Germains sans préparation romaine. L'échelle des valeurs ne laisse pas d'espoir à Vercingétorix qui le sait et évitera la bataille en ligne au profit de la tactique de la terre brûlée

Une étude consacrée à Alésia suit le petit encadré préliminaire déjà cité (II-05-2009). Elle a su éviter certaines erreurs de celui-ci. Cette étude en particulier n'oublie pas les 8000 cavaliers de l'armée de secours (VII-76-3), donne le nombre exact des cavaliers gaulois (15000), ne divague pas sur le sort des assiégés. Ces distorsions internes à l'article de Wikipedia sont néanmoins révélatrices du sérieux de l'encyclopédie.
Elle parvient quand même à attacher le boulet de l'incurie à la partie la meilleure de l'article avec un préambule désolant. Cette étude fidèle à Alise inscrit son analyse dans le cadre des investigations effectuées par les chercheurs franco-allemands (années 1990). Les premiers mots de cette étude ne sont-ils pas révélateurs d'une certaine réserve latente à l'égard de César, terreau fertile des hypothèses les plus diverses quoique chaque fois grégaires ? "Si l'on en croit César...". On croit percevoir une certaine méfiance a priori un peu différente de l'esprit naturellement objectif de l'historien (?). Accordons quand même à César une attention qu'il ne mérite peut-être pas et qu'il ne mériterait en tout état de cause que faute d'autres sources. César n'attaque pas selon lui car "percepto urbis situ".(VII-68-3). Et bien non : il n'attaque pas car il est en état d'infériorité numérique(1). Admettons. Pourquoi alors Vercingétorix ne l'attaque-t-il pas ? Il est vrai que c'est lui qui vient d'échouer (défaite de sa cavalerie sans avoir osé engager son infanterie plus nombreuse. Il est si redoutable que les Gaulois sont terrifiés (perterriti VII-68-3)). Mais c'est un thème récurrent cet effroi de César à l'égard des Gaulois qu'il vient d'étriller et de mettre en fuite.
Thèse destinée à conforter l'idée d'un piège mûri par Vercingétorix pour attirer César à Alésia. Un Alésia très dispersé au gré de l'inspiration historique. Suit un descriptif des travaux entrepris par César. Pour l'auteur un fossé (fossa) est un vallum et un pieu un pluteus alors que le pieu est un vallus soit la partie transportable : les soldats n'emportant pas l'agger sur leur dos. Benoist donne les deux définitions qui suivent : vallum : palissade couronnant l'agger (note hist. N° 91), cette palissade étant faite de pieux aigus (valli).
Plutei , partie constitutive de la lorica (sorte de clayonnage Benoist 92 et 93). Occasion de donner la parole (en latin) à Scipion Emilien . A un soldat pliant sous le "frumentum (30 jours de ravitaillement en blé) et "septenos vallos", il lance : "Cum te gladio vallare scieris, tunc vallum ferre desinito". (Il faut bien garder l'assonance latine).

La fin de l'étude s'insère aussi par son analyse du mouvement des troupes dans un contexte en faveur d'Alise qui apparemment ne dédaigne pas un tel appui et tel quel. En effet cette analyse sous-tend une disposition du terrain compatible avec celui d'Alise.
Ainsi une sortie possible de la garnison romaine du camp supérieur menaçant le flanc droit des Gaulois ceux-ci se retirent mettant fin à la deuxième bataille. Dernier épisode : "Vercassivellaunus attaque le camp supérieur depuis la montagne nord". C'est d'autant plus raisonnable que le camp est sur cette montagne nord. Le deuxième combat après la bataille de cavalerie a lieu dans la plaine "ad campestres munitiones accedunt VII-81-I". Comment le nord peut être sur la droite de troupes venant de la plaine des Laumes ? (Le mont Réa aurait été la colline au nord et ne pouvait être sur le flanc droit d'une attaque venant de la plaine des Laumes) . Le commentaire sur les forces en présence est intéressant malgré l'absence du jeune Brutus (VII-87-1). Autour d'un camp le front en ligne de bataille est divisé par quatre. Les manières de combattre diffèrent et parfois rapidement. Vois les analyses de Engels sur les batailles en ligne avant la révolution et la tactique des colonnes républicaines. Le camp nord fut-il un point de fixation comme le plateau de Pratzen ? Sans doute non mais l'inverse est possible, Napoléon jouant a contrario la nécessité fatale d'occuper cet endroit pour le tsar et l'empereur et malgré l'avis de Koutouzof.


(1) Sans cette infériorité numérique,escarpement ou pas,il aurait attaqué.



Post scriptum
Wikipedia serait-elle omniprésente dans le domaine de l'erreur ?
Celle dont il va être question ci-dessous, révélée au cours de l'émission le Fou du Roi (France Inter) le 12 juin 2009 vers 12H10 (l'heure a son importance) a été effacée du site dans les minutes suivantes (vers 12H20) et seul un spécialiste confirmé peut suivre ce triste palimpseste de la bourde. Ici il s'agissait ni plus ni moins que d'informer le public que Madame Danielle Gilbert avait tourné dans un film érotique belge ce qui est complètement faux s'empressait de répondre cette dernière au chroniqueur qui avait repris cette ânerie.

Et aussi cet article du journal Le Parisien du 06-10-2009 :
Justice : Le «corbeau» de la fille des Chirac se dénonce

Un parisien de 28 ans a avoué, hier matin, être l'auteur d'un article de l'encyclopédie en ligne wikipedia consacré à Anh Dao Traxel, dans lequel la fille adoptive des Chirac était accusée d'avoir « abandonné » ses enfants. Le corbeau, un ami d'enfance d'Anh Dao, a contacté la sécurité départemental d'Evry par téléphone pour se dénoncer, trois semaines après l'ouverture d'une enquête pour diffamation.

Employé par la Ville de Paris, l'auteur présumé a expliqué avoir exprimé un « avis personnel » sur le passé de la famille, qui s'est révélé « sans fondements ». «Je m'excuse pour le tort et la peine que j'ai causés », indique celui qui signait ses contributions sous le pseudonyme d'Homninex. Il pourrait être poursuivi pour « diffamation » et « atteinte à la vie privée ».

T.R.

 

Ce n'était pas elle. Prêter à Pierre ce qui est à Paul entraîne à prêter à Vercingétorix ce qui est à Ambiorix mais ici Wikipedia ne fait que patauger avec tous les autres dans la soupe historique.

 

 

 
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