Alesia et dépendances

 

A propos d'Alésia

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Alise, village gaulois, dit mandubien PDF Imprimer

Alise, village gaulois, dit mandubien

 

Le site d'Alise a été depuis Napoléon III l'objet de nombreuses controverses. Certains doutent de la bonne foi de César : en premier lieu la bataille d'Alésia n'a‑t‑elle pas été prétexte à une mise en scène de César ? Lorsqu'il a compris que le départ de la cavalerie gauloise signifiait qu'une armée de secours interviendrait il a immédiatement vu que 1e piège où il enfermait Vercingétorix risquait de se refermer sur lui sauf à renoncer au siège et à gagner la Province, attitude honteuse prévue par Vercingétorix (VII‑66) qui en faisait un argument pour attaquer. César avait commencé les contrevallations à son arrivée à Alésia (VII‑68), les circonvallations après le départ de la cavalerie gauloise (VII‑72),
En résumé ce siège grandiose n'a pas été une opération conçue et dominée dès le départ par Julius mais aussi le fruit des circonstances. César se serait‑il lancé dans cette affaire s'il avait prévu le péril qu'il aurait à courir au camp nord ? Vercingétorix a‑t‑il été imprudent en renvoyant sa cavalerie en masse et en attirant l'attention de César ? Un esclave gaulois avait permis à Qintus Tullius Cicéron de prévenir César de la situation où l'avait mis Ambiorix (V‑45). Cet homme a porté véritablement le sort du monde caché au creux de son javelot. En agissant plus discrètement l'Arverne pouvait‑il éviter ou au moins différer les circonvallations ? Alésia où qu'elle soit, n'a tout son sens, sa vérité qu'à travers la pensée qui y prévalut, comme à Cannes, Mètaure ou ailleurs. En prenant le problème à l'inverse, le site d'Alésia étant supposé connu, ce qui compterait n'est pas l'endroit mais les manoeuvres des uns et des autres.
Alésia aurait été une manifestation du génie tactique de César à condition que la Gaule ne se mobilisât pas pour secourir Vercingétorix à son appel. Le choix de ce refuge ne convainc pas non plus du génie de l'Arverne. Après son renoncement à une tactique éprouvée (VII‑66) et n'est‑ce pas là le grand mystère du septième livre sinon des Commentaires, Alésia n'accueille plus qu'une cavalerie étrillée, une armée terrifiée, un chef soupçonné de trahison (VII‑20) durant le siège d'Avaricum. Les circonstances furent en faveur de César, dos au mur sous le regard de Rome. Labienus, Antoine, Vitruve, peut‑être, la ténacité des légions permirent à César de tirer la couverture de l'apparence à lui.
Les Romains ont‑ils fourni un leurre à cette apparence, celui du mont Auxois ? Il aurait écarté les Gaulois du Montmarte de même qu'Autun remplaça Bibracte, ici pour donner une cohérence géographique aux situations relatives des deux oppidums dans une translation vers l'est.
L'hypothèse développée ici repose sur le texte latin de César, le respect de ses indications et sur l'existence d'une inscription. Une certaine indifférence à la lecture de César, sinon ignorance, a été encouragée par la consultation de traductions qui ne peuvent aucunement permettre un rapprochement des Commentaires et du texte de la plaque. Seul ici le texte de César prévaut à l'exclusion de vestiges, pièces de monnaie ou autres, qui feraient par exemple de celles‑ci des preuves qui n'existeraient pas dans les villes non assiégées par les Romains et ne se trouveraient que sur le passage de Vercingétorix !
Il paraît curieux qu'Alise recèle une pareille richesse de souvenirs du passage de Vercingétorix alors qu'il a passé en bien d'autres camps avec son armée et moins aux abois : il ne devrait pas y avoir plus de traces que, par exemple, dans ces deux camps où il se tint pendant le siège d'Avaricum. Et le propre d'une pièce de monnaie étant de circuler, sa présence là ou ailleurs ne prouve rien. Si elle n'était qu'aux endroits où était Vercingétorix, c'est qu'elle ne circulait pas.
La majesté du mont Auxois convenait aux visées de Napoléon III et à l'importance qu'Alésia comporte dans les Commentaires. Que Vercingétorix ait voulu avant tout cacher son armée dans un endroit discret, en tout état de cause plus que celui d'Alise, ne semble pas faire partie des idées en cours sur le sujet. Napoléon III a voulu assurer sa légitimité en fonction d'une date arbitraire dont la France s'était passée jusque ‑là , s’accommodant fort bien d'un lieu certes digne de ses ambitions mais tout aussi arbitraire. Vieil-Castel raconte dans ses mémoires que le Deux décembre fit 3000 victimes à Paris ce qui, quoiqu'il fût bonapartiste, lui parut beaucoup. C'est pourtant le genre d'argument qui convainc les hésitants mais ne dissuade point la cour de maints hommes liges
Douter d'Alise n'assure pas la vérité d'autres choix. Statique. Alise résiste : le décor tient à peu près tant que les acteurs n'y sont pas. La prééminence affirmée d'Alise sur tout autre hypothèse est un aspect d'un pouvoir universitaire dont la force est essentiellement sélective et la tradition post‑bonapartiste, soucieux de protéger le pré carré de ses privilèges. L'admiration respectueuse d'un Grasset à l'égard de Jullian en est un signe par exemple.

Quelles sont les différences entre Alise et Alésia ?
1. La plaine (des Laumes) devrait être contiguë à la partie est de l'oppidum (VII‑69‑5 et VII‑70‑6). Constans traduit "intra minitiones" par derrière la muraille alors que c'est entre le mur en pierres sèches et le mur oriental de l'oppidum (voir aussi note de Benoist) que sont disposées les troupes gauloises. L'est est à l'opposé de la plaine des Laumes. Cette inflexion majeure du sens conduit à celle de l'événement incompatible sinon avec le mythe bonapartiste.
Le chapitre 82 (§2) du livre VII précise "[Les Gaulois] craignant d'être tournés par leur flanc droit, si on faisait une sortie du camp qui domine la plaine, se retirèrent sur leur position" (Constans).
Le camp qui domine la plaine est le mont Réa, le camp nord suivant les tenants d'Alise. Or il aurait été sur le côté gauche de l'armée gauloise de secours dans cette deuxième attaque, et non à leur droite.

2. Il n'y a pas de collines dans la plaine des Laumes (intermissam collinibus VII‑70‑I) au contraire de celle de Blannay.

3. VII‑80‑5 ‑ Le combat de cavalerie avec l'armée de secours se déroule "in conspectu omnium". Ce n'est pas possible à Alise. Le même Alise n'aurait pas permis à César de trouver un endroit convenable pour connaître tout l'ensemble du combat (VII-85-1) ce qui est possible au BRULE-GOUE qui avec ses 330m, au sud, domine tout le massif de BLANNAY d'une trentaine de mètres.

4. Le mont Réa n'est pas immense mais par in paribus. Il n'est pas non plus excentrique ce qui serait la deuxième possibilité de l'alternative dans le texte de César. Le mont Réa n'est pas non plus vraiment au nord.

5. Un camp peut être établi au sommet du Réa comme sur les autres collines autour d'Alise situées en dehors des lignes romaines supposées, contrairement à ce qu'écrit César (VII‑83).

6. La situation d'Alise et des autres collines est parfaitement claire. (cf VII‑83‑I "locorum peritos")25. Ce n'est pas le cas à Alésia puisque l'armée de secours subit deux échecs avant de s'aviser u'il vaudrait mieux se renseigner auprès des gens du pays sur la nature des lieux.

7. Un camp à mi‑pente aurait été inaccessible aux Romains de l'extérieur (voir ci‑dessus Camp Nord).Deux légions tenaient le camp nord. (VII‑83). Labienus parvient à en extraire 40 cohortes (VII‑87), 39 selon Constans, en ne dégarnissant qu'une partie des postes de combat. Il ne perd jamais le contact avec César par exemple quand il lui annone qu'il va devoir tenter une sortie. Ce serait également impossible d'un camp au sommet du Réa, qualifié d'immense par certains tenants d'Alise (voir ci‑dessus 4), ce qui n'est pas le cas; il suffit d'aller voir sur place.

8. Les fouilles de Napoléon III permirent la mise à jour paraît‑il, de huit camps romains, quatre d'infanterie, quatre de cavalerie (Benoist note 7, VII‑69 p. 462). Si on s'en tient aux reconstitutions de Napoléon III et des partisans d'Alise il y aurait un camp I et un camp K à l'entrée de la plaine des Laumes. Vercingétorix, dès l'arrivée des Romains, a tenté de perturber les travaux de contrevallations en envoyant sa cavalerie à l'attaque (VII‑70‑I Opere instituto). Les camps étaient installés le jour même. De ceci on peut induire que la brèche dans les fortifications romaines était à l'entrée de la plaine mais que le passage était étroit en raison de la proximité des camps I et K. D'autre. part le gros des légions de César aurait été installé à cet endroit puisqu’on sait qu'il fait avancer devant le camp ses légions pour soutenir le moral de sa cavalerie. 0n voit mal comment 15.000 cavaliers (VII‑64‑I ), auraient  pu se frayer un chemin.

Par ailleurs, Vercingétorix au centre d'un cirque de collines et quelle que soit l'hypothèse retenue, Alise ou ailleurs, ne pouvait savoir ce qu'elles cachaient. César pouvait tendre des traquenards.
Certes la cavalerie gauloise avait subi des pertes qui diminuaient d'autant sa masse. Celle‑ci était cependant facile à reconstituer si les chevaux sans cavalier avaient suivi la fuite générale et d'autre part les cavaliers blessés étaient faciles à remplacer: les cavaliers gaulois combattaient, à l'instar des Germains, par deux. Les expediti, (VII‑I8‑1‑VII‑80) fantassins légérement armés, capables de suivre le cheval à la course suspendus à la crinière, pouvaient sans peine prétendre à une place moins périlleuse sur l'animal. Le fantassin romain aussi savait monter à cheval. César lors de son entrevue avec Arioviste dont il se méfie remplace les cavaliers gaulois en qui il n'a pas confiance par les hommes de la 10 ème légion (I‑42).

9. L'arx.
Benoist (note historique n°196) qui se range parmi les partisans du site d'Alise ce qui devrait contribuer à les convaincre de son sérieux, remarque que deux fois il est question "d'arx" (citadelle) dans les Commentaires. A Vesontio (Besançon) où la configuration du sol permet d'admettre qu'il existait une citadelle distincte de l'oppidum (I-38-6). A Alésia aussi mais à Alise, écrit Benoist, la configuration du sol ne s'y prête pas (VII-84-I), traduction de Constans " Vercingétorix, apercevant les siens du haut de la citadelle d'Alésia, sortit de la place".

10. L'eau alésienne.
Certains spécialistes ont mis en doute les possibilités de ravitaillement en eau à Alise compte tenu que la préoccupation première de César était dans un siège d'assoiffer les assiégés : le débit des sources est faible à l'intérieur du village et l'accès aux deux ruisseaux l'Oze et l'Ozerain n'est pas direct. Ce n'est pas le cas au dessus de Blannay ou le flanc nord du massif domine directement le confluent de la Cure et du Cousin.
Les contrevellations de 16,5 Km (VII-69-6) encerclaient très largement l'oppidum, elles-mêmes calculés de manière à éviter les traits gaulois mais écartant de ceux-ci les risques inverses. Ceci permet de penser que César, hormis les dérivations destinées à remplir ses fossés, n'eut pas la volonté de couper les ressources en eau à Alésia, la Cure et le Cousin étant plus importants que l'Oze et l'Ozerain. (Pour couper l''accès de l'eau à Uxellodum (VII-40-41) César utilisa des frondeurs, des archers et des tormenta). Ces ressources n'excluaient pas pour autant d'autres intérieures à l'oppidum, connues de César, le dissuadant de travaux de captage.
Les spécialistes ci-dessus, dont l'enquête in situ n'a pas paraît-il soulevé l'enthousiasme, n'eurent pas de réponse sur le débit des sources et ont sans doute sous-estimé le caractère miraculeux de celles-ci.

L'alinéa 1 ci‑dessus fournit une occasion de mesurer les conséquences de traductions différentes, portant ici sur la préposition "intra". Le passage concerné est celui‑ci :(VII‑70‑6)

" Non minus, qui intra munitiones, perturbantur Galli." Benoist, dans une note d'explication, traduit ainsi : " les Gaulois qui étaient entre le mur en pierres sèches et le mur de l'oppidum ne sont pas moins affolés (que les cavaliers qui venaient d'être battus dans la plaine)." Constans (avec Balland) traduit : "Un trouble égal à celui des fuyards s'empare des Gaulois qui étaient derrière la muraille". Or i1s étaient devant26 .


La première conséquence de cette traduction de "intra" par "derrière" (Sommer, dictionnaire français‑latin 1912, ne retient aucunement ce sens) est que l'orientation indiquée par César (l'est) est annulé ce qui bien entendu est l'intention cachée. Constans indique, il a raison de le faire car cela ne viendrait pas à l'esprit sinon, qu'il s'agit d'une muraille qui barrait le seuil qui unit le mont Auxois au mont Pennevelle donc au sud. Qu'à cette occasion il soit permis de saluer Monsieur Tétard, notre professeur de latin à Rocroy Saint Léon (Paris 10ème) qui n`aurait pas manqué à ce sujet de parler de "roman romanesque". Bien entendu ce genre de traduction induit en erreur le lecteur qui s'abstrait du latin, en somme d'une façon opportune pour les partisans d'Alise.


Il faut remarquer à ce propos que l'existence de murs appelés "maceria" (mur en pierres sèches VII‑69‑5) peut constituer une indication géologique et géographique. Selon les spécialistes ces murs abondent depuis l'antiquité au nord d'Avallon. Ils permettaient donc d'édifier rapidement des fortifications aux Gaulois et aux Romains.

A Gergovie et à Alésia, César emploie l'expression "sub muro" (VII‑48‑2 et VII ‑69‑5), à Gergovie quand les Gaulois reviennent au devant des assaillants et à Alésia lorsque Vercingétorix dispose des troupes à l'est de la colline ce qui s'avéra un mauvais calcul. Cette tendance à protéger des fortifications avec la poitrine des soldats placés devant doit être une constante de l'art militaire : il en  fut question à propos de la ligne Maginot et sur le front allemand face aux troupes soviétiques en 1944‑45. (« A la tête des panzers » Guderian trouva absurde une décision du même ordre d'Hitler.)

Une remarque complémentaire concerne en commun les paragraphes 1 et 4 ci‑dessus. Elle trouve sa substance dans l'alinéa 2 du chapitre 83 du livre VII "Il y avait du côté du nord une colline que les nôtres, à cause de la longueur de nos lignes, n'avaient pu intégrer dans leurs travaux". (Erat a septentrionibus collis, quem propter magnitudinem circuitus opere, circumplecti non poterant nostri). César emploie circuitus (VII‑69-6) pour désigner la ligne des contrevallations (circuitus XI millia passuum). "Il y avait au nord une montagne qu' en raison de sa vaste superficie nous n'avions pu comprendre dans nos lignes:"magnitudinem" ne concerne plus les lignes romaines extérieures, incroyablement étendues (2I Km ‑ VII‑74‑I). Constans traduit ici circuitus sans tenir compte de l'emploi qu'en fait César (VII‑69) et le mont Réa n'est ni plus ni moins vaste, plutôt moins, que les collines autour d'Alise. De la part de César on s'attendrait plutôt alors à «ejus magnitudinem » ou « imagnitudinem ejus circuitus »: L'avantage historique de cette traduction est d'exclure que la montagne nord soit excentrée par rapport aux autres collines encerclant le mont Auxois ce qui est le cas, à Blannay, du mont d'Orient. (Cela dit l'intérêt d'Alise n'est pas contestable en tant que leurre il repose par hypothèse sur des similitudes).
Le dilemme se pose ainsi : soit le mont Réa est "immense" soit il est plus éloigné: aucun de ces deux cas ne s'avère exact.
Le mont Réa est situé au nord‑ouest d'Alésia (voir aussi note Benoist VII‑83‑2 et I‑I‑5 où il commente septentriones  « César, comme Cicéron, emploie de préférence le pluriel, qui est d'ailleurs plus exact. Dans ce passage et les passages suivants l'orientation est prise relativement à l'Italie »). Mais, scrupuleux il précise que le mont Réa est au nord‑ouest. La plaine des Laumes est à l'ouest mais on a vu que Constans en donnant à "intra" un sens qui n'est pas le sien fait passer sans difficulté à l'ouest une plaine qui est à l'est.

Concilier Alise et César peut conduire à des contradictions. Ainsi Xavier Guichard l'écrit avec beaucoup d'honnêteté : le mont Réa est à l'est d'Alise mais le plan qui accompagne son texte montre qu'il est à l'ouest d'Alise Ste Reine. (Voir reproduction X.Guichard "Eleusis Alésia"').
X.Guichard en quelques lignes expose fort clairement les doutes des partisans du site d'Alaise (P.31 d°) «  Mais d'autres savants se basant sur ce que César d'abord, puis Strabon, Dion Cassius et Plutarque n'eussent point manqué de parler du pays des Eduens, si Alésia avait été là où se trouve Alise‑Sainte‑Reine, et qu'ils n'ont cité au contraire, à propos d'Alésia, que le pays des Lingons et celui des Séqua­nais cherchèrent Alésia en Séquanie. Ils affirmèrent leur conviction qu'elle était située, au sud de Besançon, sur le plateau qu'occupe le village aujourd'hui nommé Alaise ».

Guichard ne parait pas s'aviser que dans l'alternative proposée, un des deux termes est exclu par les tenants d'Alaise à savoir la possibilité, il est vrai la plus simple, que le site d'Alésia soit en territoire lingon, plus favorable à un retour sur la Province ou du moins à une volonté affichée d'y retourner.

Certains partisans du site d'Alise reprochent à ses détracteurs une soi‑disant foi aveugle en César. Ce ne serait que naïveté. En supposant que ce soit exact on ne voit pas bien quel intérêt César aurait pu avoir à travestir la vérité à propos d'Alésia. Qu`en aurait‑il retiré ? Rien. Qui ensuite l'aurait cru ? Personne. Tous à l'époque, les officiers, les evocatis, les commerçants, les envoyés du Sénat, etc, pouvaient vérifier sur place ce qu'il en était. Il aurait perdu tout crédit et remis en question, fort maladroitement, l'authenticité de l'ensemble des Commentaires. Il y a certes beaucoup à reprocher à César mais jamais sa maladresse. En modifiant l'aspect du site d'Alésia à propos de l'orientation de la plaine, des mouvements de son sol, de la hauteur relative des collines, du camp nord, il eût travesti l'évidence. L'immutabilité du terrain n'en fait pas un lieu propice aux avatars complaisants de l'histoire.

Cette suspicion à l'égard de César et plus particulièrement à l'égard de sa description d'Alésia, sans le fondement d'un quelconque avantage pour lui, s'accompagne parfois sans nulle crainte d'une quelconque incohérence, de l'affirmation inverse, à savoir, en d'autres circonstances, que pour l'essentiel il dit vrai. On est alors porté à soupçonner que César dit vrai lorsqu'il se conforme aux visions de notre siècle, qu'il ment s'il les infirme.
En résumé s'il y a un sujet sur lequel César ne peut que dire vrai c'est à propos du site d'Alésia, description qui avait tout à craindre, si elle avait été fautive, de ses lecteurs. Et ainsi que disait Thiers « dites la vérité, on ne vous croira pas ». Ajoutons de sitôt.

Enfin l'intérêt de vouloir que César mente échappe alors que les mêmes s'accordent fort bien d'erreurs de traduction opportunes. N'est‑on pas jamais si bien servi que par soi‑même ?
On peut aussi douter de certaines hypothèses, de celles en particulier peu préoccupées de l'éloignement d'Alésia et de Sens. La cupidité des soldats romains est connue. Or c'est au moment de la jonction de César et de Labienus que le butin des légions a été le plus considérable (si l'on préfère après la partie de la campagne qui se termine avec la prise d'Avaricum). César a dû à coup sûr tenir compte du souci de ses soldats de mettre en sûreté le fruit de leurs rapines. Cela se concilie mal avec des détours vers l'est (Alaise ou Syam). Au VII‑57‑I, au VII‑67‑3, au VII‑68‑I, César précise le soin mis à protéger les bagages (deux légions ainsi au VII‑68‑I).
On peut évaluer à 2 légions les troupes laissées à la garde des bagages à Sens (VII‑57‑1). César avait levé pendant l'hiver 52 en Gaule Cisalpine Cf.VII‑I‑I ce supplément de juniores, citoyens âgés de 17 à 46 ans. (Voir ce qui a été dit à propos de l'adulescens Vercingétorix). En effet César partage ses troupes en deux parties en prenant avec lui la moitié soit six légions et Labienus marchant sur Lutèce avec les 4 légions qui lui restaient, les deux autres l'attendant à Sens car sans expérience.
Cette hypothèse sur l'incidence du rôle des bagages sur les mouvements de César pourrait paraître douteuse puisqu'elle soumet les dits mouvements à la rapacité de son armée. Cependant elle sera maintenue car corroborée par Vercingétorix (VII‑66‑5) "Si l'infanterie apporte son aide aux siens (la cavalerie et les bagages) et les attend, ils ne pourraient faire leur chemin ; si, et j'y compte, ils abandonnent leurs bagages pour assurer leur salut, ils perdrons ce qui leur est nécessaire et leur honneur". Les Romains choisirent leurs bagages.

La découverte de quelques pièces de monnaie arvernes trouvées paraît-il sur le mont Auxois constitue un argument majeur de l'ancienne présence d'Alésia en ces lieux.
Le sujet a déjà été évoqué ici sous deux de ses aspects. Que l'argument soit au même niveau, par exemple, que les contrevallations locales et si controversées donne une idée du poids de celles-ci. Volatil.

Plus singulier encore cette présence de monnaie établit la constance d'un site grâce à un élément dont la caractéristique essentielle est de circuler en vue de l'échange. Déterminer un lieu fixe avec un facteur erratique (ici il ne s'agit pas de roche) est du même ordre que la solution imaginée par les deux pêcheurs dans l'histoire suivante.
Ils apprennent qu'existe un endroit très poissonneux dans la rivière au bord de laquelle ils passent leur week-end. Ils louent une barque et partent à sa recherche. Ils parviennent à trouver l'endroit et font une pêche miraculeuse.
Le soir l'un deux déclare :
-C'est bien joli, mais il faut indiquer l'endroit pour demain.
-Faisons une crois dans le fond de la barque.
-Tu n'y penses pas. Demain nous aurons une autre barque.

M. Franck Ferrand (Historia - novembre 2008) dans un article qui a le courage d'aller à contre-courant, comme d'ailleurs les partisans de Syam, on ne peut leur retirer cela, (Ici il s'agit au contraire de deux variantes n'excluant            pas un point fixe) fait une remarque pertinente sur une traduction en honneur à Alise. (Sait-il qu'il arrive à Semur qu'on se flatte de traduire couramment le latin ? ). "Les érudits locaux, peuvent même exciper d'un document millénaire ; en effet, dans une ode du IXe siècle, le moine Eric d'Auxerre avait clairement, célébrant Alise, évoqué le fameux siège. Que le brave homme ait lui-même fourni la preuve de son ignorance, en qualifiant Alésia, dès le premier vers, de Caesaris fatalis castris "fatale aux armées de César" n'avait jamais dérangé personne.

Cet autre exemple de la science locale ne la troublera guère et sans doute avancera-t-elle que vainqueur ou vaincu c'était quand même Alise.

En annexe à ces quelques pages consacrées à Alise, on trouvera ci-dessous la copie de l'arrêté du 4 novembre 1998 écartant Alise de la liste des sites archéologiques d'intérêt national.

J.O. Numéro‑275 du 27Novembre 1998

Lois,décrets
codes             Adininet
Texte paru au JORF/LD page 1‑ 7923
Ce document peut également être consulté  sur le site officiel Legifrance

 

Arrêté du 4 novembre 1998 modifiant la liste des sites
archéologiques d'intérêt national

 

 

NOR: MCCE9800693A
La ministre de la culture et de la communication,
Vu la loi du 27 septembre 1941 modifiée portant réglementation des fouilles archéologiques ; Vu le décret no 94‑_422 du 27 mai 1994 modifiant la loi du 27 septembre 1941 portant réglementation des fouilles archéologiques, et notamment son article 4 ;
Vu le décret _no 94‑4_23 du 27 mai 1994 portant création des organismes consultatifs en matière d'archéologie nationale, et notamment son article 22 ;
Vu l'arrêté du 21 mars 1995 modifié établissant la liste des sites archéologiques d'intérêt national ; Vu l'avis émis par le Conseil national de la recherche archéologique dans sa séance des 12 et 13 mars 1998, Arrête

 

 

Art. 1er. ‑ L'article 1er de l'arrêté du 21 mars 1995 susvisé est modifié comme suit Au lieu de : « Grottes préhistoriques d'Arcy‑sur‑Cure (Arcy‑sur‑Cure, Yonne) », lire: « Grande grotte d'Arcy‑sur‑Cure (Arcy‑sur‑Cure, Yonne) ».

Art: 2.‑ Ne fait plus partie de la liste des sites archéologiques d'intérêt national au sens de l'article 4 du décret no 94‑42_2 du 27 mai 1994 susvisé : « Alésia : le site de la bataille de 52 av. J.‑C., le site gallo‑romain et du haut Moyen Age (Alise‑Sainte‑Reine, Côte‑d'Or) ».

Art. 3. ‑ Le directeur de l'architecture et du patrimoine est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française
Fait à Paris le 4 novembre 1998

 

Pour la ministre et par délégation
Le directeur de l'architecture et du patrimoine,
F. Barré

http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MCCE9800693A

 


25 Quant à la plaine il faut noter que le nom des Laumes vient probablement du bas latin « lamma » endroit bourbeux (Dauzat) configuration à la fois peu compatible avec la présence de collines (VII-70-1) et le déroulement d’une bataille de cavalerie. En revanche il s’agit d’une bonne défense naturelle : voir les difficultés posées à Labienus par des marécages dans sa marche sur Lutèce.  Voir aussi Avaricum.
César lui-même écrit (VIII-20-4) que l'usage de la cavalerie ne devait pas être regretté dans un endroit marécageux. Voir aussi Alesia "Ita intermissa est"

26 "Copias omnes, quas pro oppido collocaverat, in oppidum recepit" VII‑71‑8.

Mise à jour le Lundi, 12 Avril 2010 16:12
 
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