LE GAULOIS A LA CHAINE
La télévision (chaîne 2) le 29 décembre 2015 a passé un documentaire consacré aux Gaulois, novateur, en tout cas présenté avec cette ambition.
Sans doute ce souci concernait-il tout d'abord le procédé visuel utilisé à savoir des images de synthèse. Il n'est pas évident que le côté novateur des moyens se soit retrouvé dans le commentaire articulé autour du personnage principal, le chef eduen Apator, fiction sans équivalent dans les Commentaires. La fiction exige ses révélations c'est la règle du jeu et, n'a pas lieu d'être prétexte à une critique trop acerbe compte tenu, on l'a vu, de l'extrême médiocrité de l'étalon maître de la doctrine officielle. Ce qui est admis comme la vérité partout, toujours et sans cesse, a toutes les chances d'être faux a dit Valéry. Bien au contraire ce travail mérite d'être défendu sur un point essentiel qui a été la clef de voûte des raisonnements officiels. Le documentaire souligne, à juste titre que César, loin d'être le jouet de l'adresse tactique des Gaulois, a toujours dirigé le jeu, qui, cela n'a échappé à personne, a mené à sa victoire finale. Ce sont toujours les Romains qui ont surpris les Gaulois et non le contraire, en particulier à Avaricum, et au Champ de Mars grâce au très habile Labienus.
L'épisode du Camp de Mars permet de penser qu'un nom datant de cette période pouvait se conserver : le lieu-dit "champ de la bataille" au confluent de la Cure et du Cousin peut avoir survécu sous ce nom depuis cette date. N'oublions pas que le Dieu Mars, comme à Paris n'est pas loin. Ce champ jouxte le Montmarte. Gergovie est un leurre qui égare parfois le lecteur des Commentaires. Cet échec de César, monté en épingle, consacre le manque de réalisme des Gaulois qui loin d'essayer d'écraser les Romains réduits de moitié les laissent partir sans réagir rejoindre Labienus. Cette remarque pourrait être rangée parmi les débordements d'une réflexion non officielle. Malheureusement pour celle-ci, cet avis est celui de César. Vercingétorix contraint César à reculer, ce qui n'est pas un petit exploit, mais n'en fait rien.
Soulignons-le encore une fois, ce sont les Commentaires qui parlent et rappelons que Vercingétorix n'avait en face de lui que la moitié de l'armée romaine, l'autre étant à Lutèce. César et son habile légat (et futur adversaire) effectuèrent leur jonction et l'affaire sera "pliée" sans que jamais l'idée d'un retour piteux à Rome ait effleuré l'esprit du circonspect imperator. Le seul chef gaulois qui mis César en danger fut l'Eburon Ambiorix. Ainsi Vercingétorix aurait pu gêner César lors de la traversée de la Loire (VII 56). César effectua sans perdre de temps cette traversée c'est à dire sans construire de pont afin de ne pas laisser le temps aux Gaulois de venir perturber ce passage.
On sait que dès le début du siège d'Alésia, César savait combien il durerait et la date prévisible de l'arrivée de l'armée de secours. L'oppidum à l'évidence ne pouvait être pris d'assaut. (Comparer les sites d'Alise et du Beustiau). On aurait aimé que le documentaire soit plus incisif sur certains points : pourquoi Vercingétorix a-t-il renoncé à la tactique de la terre brûlée, pourquoi est-il allé s'enfermer dans Alésia, pourquoi aussi n'a-t-il pas pris la fuite avec sa cavalerie alors que de toute évidence sa capture était l'objectif essentiel de César ?
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