Visite à Guillon |
Une visite à Guillon
M. Fèvre est mort. Il nous avait reçus ma femme et moi à Guillon en Novembre 2003. Il nous proposa de nous emmener sur le site de Guillon que je connais depuis quarante ans ou plus exactement que je croyais connaître. En effet j'ignorais tout de l'endroit qu'il nous fit visiter, à la nuit tombante, impressionnant dans sa solitude rugueuse, parsemé de vestiges oubliés auxquels la ténacité fervente de M. Fèvre tentait de rendre un sens. Très intéressé et aussi parce que l'étude des mouvements conjoints de Labienus et César me donnaient à croire qu'Alésia n'est peut‑être pas très éloigné de Guillon, nous acceptâmes l'invitation de M. Fèvre qui nous proposa, dès qu'il ferait meilleur, de passer une journée à visiter les lieux susceptibles de s'inscrire dans les événements de 52 et en particulier le site de Talcy dont je ne lui cachais pas que la complexité échappait au "non peritus" que j'étais. M. Fèvre nous montra des excavations, sortes de grottes dont les services archéologiques connaissaient l'existence sans les situer. Il les avait trouvées mais s'était vu opposer une interdiction de fouille, le site étant gelé pour une durée de 100 ans. Il en était blessé, jugeant à juste titre être peu récompensé en retour. A cet égard j'avais l'intention de le mettre en garde : sa situation d'inventeur le constituait en quelque sorte gardien de lieux auxquels des pilleurs pouvaient éventuellement s'attaquer, d'autant plus qu'il affirmait que ces excavations contenaient des trésors gaulois. (Son hypothèse me paraît peu plausible car les Romains, particulièrement cupides, ce fut par exemple une des raisons de l'anéantissement des cohortes de Sabinus et Cotta1 , avaient les moyens d'investigations acquis aux vainqueurs).
En 2007 la Montagne de Verre a été l'objet d'un projet de carrière en vue de la construction d'une autoroute. La fin dernière de ce lieu cher à M. Fèvre serait donc de participer à l'expansion des rites pétroliers grâce à l'empierrement des autels consacrés à leur célébration avant l'épuisement des saintes huiles. Le préjudice infligé au site sera sans commune mesure avec celui qui aurait pu être provoqué, hypothèse peu vraisemblable mais très frustrante, par le chercheur de Guillon.
1 M. Fèvre évoqua la théorie de M. Berthier qu'il contestait alors qu'elle n'est pas en contradiction avec les Commentaires et qu'elle peut s'avérer exacte si un jour Alésia est déterminée avec certitude. L'ensemble du Beustiau et de Sermizelles est dans ce cas. M. Fèvre était tout proche. Chose curieuse Givry comporte un endroit appelé le Guillon. |
Mise à jour le Samedi, 10 Avril 2010 09:40 |