Une heure au Collège de France Imprimer

Une heure au Collège de France
Leçon de Monsieur le professeur Christian Goudineau
au Collège de France le 3 décembre 2007

Le conférencier avait mis une note de deux pages à la disposition du public à l'entrée de la salle (cf ci-dessous).
Neuf lignes sont consacrées à l'origine de Vercingétorix, la traduction de Constans faisant face au texte latin du chapitre 4 du livre VII. Est-il permis de s'interroger sur la traduction utilisée ?
Au début du chapitre manquent trois mots : "Simili ratione ibi" ... Pour la même raison là" ... (là = Gergovie). Constans traduit : "l'exemple y fut suivi ...". C'est donner à Vercingétorix un rôle de dépendance dans ce mouvement d'indépendance dont, avant les Carnutes, il est l'initiateur. Ce "simili ratione" est l'origine de la 7ème campagne mais aussi de Vercingétorix, le révolté. (Celle aussi pour beaucoup de la France).
Ces deux mots expliquent aussi les préparatifs de la révolte de la deuxième partie de la citation. Voici une traduction un peu différente : (VII-4) "Pour la même raison, Vercingétorix, fils de l'Arverne Celtillus, homme jeune d'un grand pouvoir,-dont le père avait été maitre de toute la Gaule et avait été mis à mort par ses concitoyens parce qu'il projetait d'être roi,-ayant convoqué sa clientèle l'enflamme facilement. Ses intentions connues, ils courent prendre les armes. Gobannitio, son oncle paternel, s'y oppose ainsi que les autres chefs qui considéraient qu'il ne fallait pas tenter l'aventure. Il est expulsé de la place forte de Gergovie".
.Constans n'indique pas que Gobannitio est l'oncle paternel. !Cela peut avoir de l'importance dans le jeu des alliances politiques.
- Il traduit "adulescens" par jeune homme. Cette certitude n'est qu'une possibilité : un homme jeune couvrirait la gamme des âges envisageables. (Voir le de Senectute déjà cité). - La cité (civitate, traduction littérale) condamne Celtillus Ailleurs César écrit "publico consilio".
- Benoist précise que César désigne la Gaule celtique et ses habitants par le nom trop général de Gallia : Gallia signifie aussi Belgique et Celtique.
- VII-4-2 Constans : "temptandam", Benoist : "tentandam".
- Une question a été posée : ne faut-il pas voir dans l'origine de l'affaire de Cénabum, déjà, un agissement en sous-main de Vercingétorix ? Cela fragiliserait en toute logique la traduction de "ratione" par "exemple" pour lequel il existe un mot précis en latin. Ce serait Vercingétorix qui serait son meilleur exemple.
- L'autre chapitre cité par M. Goudineau est le ch. 36 du livre VII. Le scrupule de la citation va jusqu'à reprendre les numéros de notes de Constans mais elles ne sont pas citées. On les trouvera à la fin de cette note. . On remarque au début que Constans omet de traduire "ex loco""de cet endroit". Il existe donc une incertitude sur la durée véritable de la poursuite : "César parvient à Gergovie en cinq jours". En cinq jours depuis qu'il a traversé l'Allier en trompant Vercingétorix qui n'a pas eu par conséquent l'initiative tactique dans cette partie de la campagne, échec du Gaulois qui va à l'encontre d'un talent dédaigneux de l'incompétence de ses thuriféraires acharnés à démontrer une valeur qui rejaillit sur Alise (40 millions d'euros : on sait qu'en matière de subventions les grandes rivières font les petits ruisseaux). César, écrivent les spécialistes, aurait traversé l'Allier près de Vichy (Créchy) ou plutôt à Varennes (Benoist note 4 Ch.35. livre VII). En fait il venait de Decize où il avait réglé un différend entre deux chefs eduens. Il a suivi l'Allier, après la prise d'Avaricum, pour parvenir à Gergovie beaucoup plus longtemps que "quintis castri".
- Constans traduit "urbis situ" par "la place" oublieux d'une précision donnée par César (et même deux car une place n'est pas obligatoirement une ville). C'est l'emplacement qui dissuade César d'attaquer. Au chapitre 68 -(L. VII) Constans traduit "urbis situ" (le site d'Alésia) par "la force delà position". C'est une erreur de confondre la ville et le site compte tenu qu'une ville bien fortifiée peut ne pas se trouver sur une position imprenable. L'exemple suivant montre que Tite-Live marque (comme César mais non comme Constans) cette différence "Ab urbe oppugnanda Poenum absterruere conspecta moenia" "La vue des murs de Naples fit renoncer Annibal à l'idée de donner l'assaut" (traduction Henri Goelzer)..
- La découverte d'un "arx" à Gergovie tendrait à démontrer que le site révélé n'est pas l'oppidum gaulois puisque les Commentaires ne parlent que de deux "arx"; à Besançon et à Alésia. (Voir reproduction jointe du schéma magistral).
- Quant aux combats que se seraient livrés César et Vercingétorix autour de Gergovie, ils appartiennent sans doute à des sources inconnues de César. (si on excepte le petit engagement de cavalerie initial (VII-36-I) et la prise du camp gaulois abandonné conquis par les Romains, opération qui s'inscrit, contre la volonté de César, dans l'assaut final et son échec. L'épisode du camp de Fabius (VII-41) appartient au statisme de la poursuite du siège dans-une circonstance où les Romains étaient bien incapables de livrer des batailles autour de l'oppidum.
Ces infidélités de Constans ont leurs fidèles qui du haut de leur latinité les rapportent à l'infime. C'est un point de vue.

Ne rumpite somnos
castrorum vigiles, nullas tuba verberet aures.

Lucain - La Pharsale Chant VII

 


Fragments de la note de présentation de M. Christian Goudineau

Les notes "entourées" sur ce document correspondent à :
Constans - Notes 2 et 3 page 235
2 - Le plateau de Gergovie, à 6 kilomètres au sud de Clermont-Ferrand, s'élève à 744 mètres d'altitude. Il n'est accessible qu'à l'ouest, par le col des Goules.
3 - Il s'agit de la terrasse qui longe l'oppidum au sud, et, des hauteurs de Risolles, Jussat, la Roche-Blanche.

Mise à jour le Lundi, 12 Avril 2010 18:22