Mobilité de l'armée gauloise Imprimer

Mobilité de l'armée gauloise

 


L'hagiographie ordinaire de Vercingétorix a le double inconvénient de lui prêter des qualités qui ressortissent surtout à l'imagerie d'Epinal et d'en oublier les défauts. Un troisième inconvénient existe : n'en pas percevoir certaines qualités moins liées à l'évidence (patriotisme, courage, intelligence) qu'à l'analyse. Stratège reconnu il sut aussi conférer à son armée les moyens de ses projets, à savoir une mobilité exceptionnelle face à un adversaire dont la rapidité était prodigieuse. Que cette qualité ne soit pas plus admirée est-ce étonnant de la part de tacticiens pour qui le fin du fin était de se faire enfermer à Syam, Alise ou Alaise ? Cette mobilité était sans doute aussi la conséquence du peu de confiance de l'Arverne dans ses fantassins et de son corollaire, la tactique adoptée, celle de la terre brûlée. L'opposition entre des paysans soldats et des soldats paysans ne jouait pas en faveur des premiers. Ces considérations expliquent la nécessité de cette mobilité mais non pas ses moyens. Deux exemples de cette mobilité de Vercingétorix : César ne parvient pas lors de la poursuite le long de l'Allier à l'empêcher de se réfugier à Gergovie. Il se fait probablement surprendre avant la deuxième bataille de cavalerie (VII-67 etc). C'est extraordinaire que dans le domaine de la rapidité de déplacement les Gaulois ne se montrent pas inférieurs à une armée qui fut parmi les plus rapides de l'histoire sinon la plus rapide. Certes Bonaparte allait vite mais quand même les routes étaient meilleures.
L'explication de cette mobilité n'est sans doute pas étrangère à l'habitude des Gaulois, contraire à celle des Romains, de ne pas s'encombrer d'approvisionnements. (L.II.I0.4 et L III-17-6). Le raisonnement de Vercingétorix prend alors tout son sens lorsqu'il annonce son plan de campagne (VII-64-2) : "Mais, puisque notre cavalerie est abondante, il nous est facile de nous approvisionner et d'empêcher les Romains de fourrager". Le problème d'intendance que n'auront pas les Gaulois ralentissait les légions chargées aussi de butin. (Cf Benoist note 194)