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L'ombre d'un doute


Les remarques qui suivent appartiennent plus au mode interrogatif qu'affirmatif si toutefois elles défendent l'idée de la présence d'Alésia au confluent de la Cure et du Cousin.


Ces remarques excluent aussi la possibilité d'une trahison de Vercingétorix alors même que ses soldats l'en accusèrent pendant que se déroulait tout proche, le siège de la capitale des Bituriges. Ce fut la seule fois, que les Gaulois restèrent maître du terrain devant toute l'armée romaine, et leur chef n'était pas là.
Ces remarques n'ont pour intention que d'amener à s'interroger sur le rôle de Vercingétorix dans le désastre gaulois : c'est quand même lui qui non content d'avoir entraîné son armée dans une position sans issue, va attirer toutes les troupes de la Gaule dans un traquenard que César préparait sous ses yeux. On a déjà dit ici que César n'avait que faire des contrevallations pour écraser l'armée de Vercingétorix qui d' ailleurs se gardait désormais de tout affrontement direct et d'autant plus qu'il n'avait plus de cavalerie. Mais l'Arverne savait que les contrevallations qui l’enfermaient permettaient à César d'établir des circonvallations qui étaient destinées à l'armée de secours.
A l'évidence César savait qu'il allait avoir l'occasion de faire d'une pierre deux coups et que s'il y avait un doute à ce sujet, ce n'était pas dans son esprit venant d'un général aussi circonspect ce qui aurait dû inciter l'Arverne à la prudence.

Ce ne fut pas le cas alors qu'il avait les quelques heures d'avance qui lui permettaient de récidiver sa retraite sur Gergovie. Rappelons qu'alors César avait suivi les Gaulois à vue.

Comment ne pas être surpris : on peut ne pas l'être si on se rallie à la thèse frappée à la pensée des fins stratèges qui initièrent Dien Bien Phu : Vercingétorix créait ainsi un abcès de fixation, piège subtil dans lequel César ne manquerait pas de se précipiter. Ainsi se démontre qu'un spécialiste de la gallo-romanité peut consacrer son temps à des études stratégiques qu'il aurait pu certes consacrer à l’étude du latin afin d'éviter les erreurs de Constans confirmées par Balland. Il est vrai, peu soucieux aussi des fautes d'orthographe en latin du texte prêté à César.
Mais encore une fois pourquoi les auteurs de ce texte erroné se soucieraient-ils de corriger leurs erreurs puisqu'elles les servent ?

On sait qu'après l'échec de Gergovie César fut très anxieux de rejoindre Labienus seul avec la moitié de l'armée à Lutèce qui de surcroît connaissait les difficultés de César sans que le texte des Commentaires n’indiquât que la réciprocité existait. Cela n'a pas d'importance et César remontait à marche forcée vers le nord. Il ne pouvait aller plus vite.
Comment se fait-il que Vercingétorix, de lui-même en voyant l'inquiétude de son adversaire, n'ait pas essayé d'atteindre Labienus avant que la jonction romaine se fît d'autant que voyageant chez les siens, il n'était pas astreint aux précautions nécessaires à César.

Benoist a précisé dans son remarquable appareil de notes que César était passé par Avallon dans sa remontée vers le nord. Aussi parler d'Avallon à propos du retour sur la Province n'est que faire la part belle à un parcours qui avait fait ses preuves. Alise aurait été un objectif dérisoire : Comment les Gaulois auraient-il pu choisir cet endroit exigu et facilement accessible comme place forte inexpugnable face à une armée qui l'avait emporté à Namur et à Avaricum.
Sur cet itinéraire le plus rapide depuis Paris se situe le Champ de la Bataille à Blannay au pied du mont de Mars. Rappelons simplement que Labienus venait de vaincre au Champ de Mars appelé ainsi depuis sa victoire sur les Parisiens. On sait que les archéologues parfois font parler les vestiges ainsi qu'ils l'entendent. Blannay c'est à dire le Beustiau imprenable au confluent de deux rivières ne retiendra pas leur attention alors qu'ils trouvent à Alise les restes de chevaux germains qui n'y furent point et des monnaies d'un peuple qui ne participa pas à la bataille.
Quitte à mentir, certains archéologues seraient bien avisés de le faire en dehors de faits où César a justement précisé le contraire.
En tout cas si Vercingétorix a trahi il en a été bien mal récompensé et il connaissait le risque à l'avance ce qui semble éluder celui-ci mais dans des cas semblables on a vu l’inverse se produire.

L'inanité des prétendues révélations archéologiques évoquées ci-dessus ne va pas à l'encontre de leur nécessité pour consolider la thèse alisienne et par la même la faiblesse de celle-ci. Une grande disette sur le fond d'argumentation ne dédaigne pas la facticité du n'importe quoi.

A propos d'analogie on peut s'aviser de celle existant entre le Champ de Mars à Paris et Blannay par l'association d'un site avec le Dieu Mars (A Blannay le Champ de la bataille jouxte le Montmartre). La présence, dans les deux cas du dieu Mars donne une connotation victorieuse et romaine aux sites.

S'étonner de cette ignorance reviendrait à dire qu'on n'a pas  lu ce qu'on vient d'écrire qui relève dans un cas du plan de métro et dans l'autre de la carte IGN. Dans les deux cas, les Gaulois choisirent le lieu de leur défaite, mais à Lutèce Labienus ne leur laissa guère d'alternative alors que, semble-t-il, Vercingétorix pouvait échapper à son choix.
Rappelons, à l'attention du lecteur occasionnel que la plaque de marbre du temple de Montmarte est le deuxième pilier de l'hypothèse retenant Blannay et le Beustiau comme sites d'Alésia. L'histoire officielle n'y voit que le lieu du confluent de la Cure et du Cousin.

Mise à jour le Jeudi, 07 Juillet 2016 20:54