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DES PUITS à ALISE

Dans un chapitre (p.43) intitulé Alise village gaulois dit mandubien, la question de l'approvisionnement en eau de l' armée gauloise à Alise, si celle-ci était Alésia, avait été évoquée.


Une réponse m'a été fournie lors d'une conférence sur Commios.
Un Commius qui sent son Constans : ayant apporté les Commentaires (Hachette 1912 texte latin) il m'avait été demandé avec gourmandise "quelle traduction?" ce que j'avais jugé indigne du niveau donné à la conférence. "Certes" concédait-on. L'affirmation péremptoire que Carcopino n'avait jamais été au gouvernement de Vichy et que Commius avait mis Volusenus hors de combat en lui cassant la tête confirmait au passage une certaine distanciation historique (VIII-48-5) "lanceaque infesta magnis viribus medium femur trajicit Voluseni" (Constans rajoute ejus et oublie un i dans trajicit.) .Ce qui n'est pas qu'anecdotique car cela donne une indication sur la manière de combattre des cavaliers : s'il ratait son coup le cavalier pouvait blesser gravement le cheval adverse ce qu'un coup à la tête exclut.
La suite de la conférence rachetait ces approximations par un enthousiasme sans faille pour la thèse alisienne. Objectant les risques de pénurie d'eau, la réponse fusait : il y avait des puits argument susceptible de foudroyer un sceptique. Revenu à lui le coupable remarque ceci :
1) S'il y avait des puits à Alésia, ils correspondaient aux besoins des Mandubiens qui devaient acccueillir ex abrupto 80.000 hommes.
Et trouver un puits, le creuser, c'est difficile surtout lorsqu'il faut s'économiser face à la disette.
2) Si Vercingétorix a choisi Alésia alors qu'il ignorait ses ressources en eau cela serait encore plus stupéfiant puisqu'il aurait remis son sort et celui de son armée à une branche de coudrier.


Vercingétorix ne pouvait choisir qu'un endroit où l'abondance de l'eau et son accessibilité étaient évidentes. Il est manifeste que sur une étendue aussi limitée qu'Alise le nombre des puits eût été restreint. Il fallait qu'Alésia soit imprenable pour s'y installer. Sinon pourquoi n'avoir pas reflué sur Bibracte et Gergovie. Parce que l'Arverne n'avait qu'une journée d'avance ? Lorsqu'il avait fui vers Gergovie César le suivait à vue. Et à ce moment de la campagne il avait démontré une mobilité sans complexe face à César en pratiquant la tactique de la terre brûlée.


Craignait—il un lâchage des Eduens d'ailleurs plus préjudiciable à ses ambitions personnelles qu'au succès de la campagne. Mais pourquoi alors que ses forces étaient intactes malgré deux batailles de cavalerie perdues? Le résultat définitif ne plaide pas en faveur de la solution retenue.


Comme complément à l'apport des puits, la conférence emmenait les assistants sur les bords de l'Ose et l'Oserain où les assiégés allaient aussi chercher de l'eau. Compte tenu de la présence romaine et de la minceur de ces deux filets d'eau c'est à une vision pastorale des choses que nous sommes invités. En effet comment les Gaulois auraient—ils pu s'approcher sans la complaisance amicale des Romains? Mais cette révélation va certes dans le bon sens, celui des sommités universitaires et politiques qui ont élu Alise avec tant de compétence et si peu de latin ce qui ajoute la foi à leur conviction. (On notera qu'à Givry les Romains n'auraient pas pu empêcher les Gaulois de boire pas plus que les Romains n'eussent été gênés par ceux-ci au delà de 100 ou 150 mètres).


La conférence devait plus à Constans qu'à César, au fond le grand perturbateur qui écrit : "sub muro quae pars collis ad orientem solem spectabat, hunc omnem locum copiae Gallorum conpleuerant" (VII-69-5). L'examen de la carte très claire (plus que celles de l'IGN, Benoist et X.Guichard ) de Constans lui-même rend flagrante la contradiction qui d'ailleurs ne résiste pas aux contorsions universitaires. (Cette remarque s'adresse particulièrement à ceux qui n'auraient lu que ces considérations sur des puits). L'attaque romaine venait de la plaine face à la partie de la colline qui regardait vers le soleil levant. Comment un spécialiste aussi distingué que Benoist peut-il ne pas s'étonner que "duo... flumina" (note 2-VII-69) l'Ose, dit-il, au nord, l'Oserain au sud de la colline, dont les cours se dirigent vers la gauche de sa carte(p.463 alors que sa note est en face p.462) coulent vers l'ouest et la plaine des Laumes et non vers l'Est ?  (Les perspicaces partisans d'Alise ne manqueront pas de remarquer que Constans n'écrit pas deux cours d'eau mais des cours d'eau, inexactitude qui convient à Alise mais non à César ou au site de Givry (une colline et deux rivières , le Beustiau, la Cure et le Cousin) .

Mise à jour le Mercredi, 23 Mars 2011 18:59